BASSE VISION
En France, environ 1,5 million de personnes souffrent de basse vision. Les personnes âgées sont les plus touchées, mais la basse vision concerne aussi les personnes affectées par une maladie visuelle. Plusieurs pathologies oculaires peuvent être responsables. Celles-ci entraînent différents types de déficiences visuelles qui sont souvent un frein à l’autonomie des personnes, notamment pour la lecture et l’écriture.
Définition
On considère qu’une personne souffre de basse vision lorsque son acuité visuelle est inférieure à 3/10 et ne peut pas être améliorée par des lunettes. La définition prend également en compte les atteintes du champ visuel.
L’optométriste, spécialisé en basse vision, peut apporter une aide et des solutions dès que la vision n’est plus suffisante avec des lunettes conventionnelles.
C’est souvent la rétine centrale qui est défaillante,laissant apparaître des déformations ou des tâches plus ou moins profondes dans le champ de vision. L’optométriste s’applique à proposer des aides visuelles et apprend à utiliser sa vision différemment.
Les différentes pathologies en cause :
- Les DMLA (Dégénérescences Maculaires Liées à l’Âge). Elles entraînent une perte de la vision centrale et concernent essentiellement des personnes de plus de 50 ans.
- Les dégénérescences rétiniennes, il s’agit souvent de rétinites pigmentaires qui provoquent des pertes de vue localisées.
- Les glaucomes, ils provoquent le rétrécissement progressif du champ visuel laissant aux personnes atteintes une vision tubulaire.
- Les décollements de la rétine, ils peuvent apparaître après un traumatisme rétinien ou une maladie oculaire. Déchirée, la rétine se décolle ensuite en provoquant des pertes de vue partielles ou totales.
Elles peuvent être d’origine congénitale, héréditaire, accidentelle, dégénérative....
La basse vision touche majoritairement des personnes âgées, mais aussi des personnes de tous âges atteintes de maladies oculaires.
LE ROLE DE L’OPTOMETRISTE
La déficience visuelle est propre à chaque personne malvoyante. Elle nécessite une prise en charge personnalisée et un travail d’équipe. Les principaux acteurs sont l’ophtalmologiste, l’orthoptiste, l’opticien-optométriste, mais aussi le psychologue, l'instructeur en locomotion, l'AVjiste, l'ergothérapeute, ... Chacun d’eux accompagne, dans son domaine de compétences, la personne souffrant de basse vision. Il existe également de nombreuses associations qui peuvent aider à mieux vivre sa basse vision.
L’optométriste évalue les performances visuelles, et les optimise en essayant des aides visuelles quand la médecine ne peut rien pour augmenter l’acuité visuelle. La consultation réalisée par l’optométriste ne se substitue en rien au suivi de l’ophtalmologiste qui se charge de suivre la maladie et d’évaluer les possibilités de traitement.
La dimension psychologique, une démarche humaine et personnalisée
La basse vision est une situation de handicap réel. Il est important d’agir rapidement, dès les premiers signes. Une prise en charge tardive entraîne inéluctablement une dégradation psychologique et fonctionnelle.
Plus la prise en charge débute rapidement, plus il est facile d’apprendre à utiliser de façon efficace les solutions matérielles proposées par l’optométriste. Ces aides ont pour but d’apporter du confort et de retrouver certaines formes d’autonomies (de lecture la plupart du temps).
La basse vision demande beaucoup d’efforts d’adaptation. C’est dans un climat de confiance et d’encouragements que des solutions adaptées sont trouvées.
L’optométriste s’entretient avec la personne malvoyante, réalise des tests de lecture et d’évaluation de la vision pour déterminer ses besoins. Ensemble, ils essayent les aides visuelles disponibles et déterminent la meilleure réponse à ces besoins.
Aider à conserver son autonomie
La basse vision est un frein à l’autonomie, et notamment à la lecture et l’écriture. L’optométriste aide les personnes souffrant de basse vision à trouver des alternatives pour pouvoir lire et éventuellement écrire. Le rôle de l’optométriste est de trouver la meilleure solution et des systèmes optiques grossissants.
L’optométriste travaille en collaboration avec les orthoptistes spécialisés en basse vision, qui peuvent, par exemple, apprendre à utiliser la rétine périphérique, travailler la coordination de l’œil et la main, proposer des exercices pour apprendre à utiliser les aides ...
Certaines aides visuelles peuvent présenter un coût élevé. Elles peuvent être prises en charge par la sécurité sociale ou les caisses complémentaires. L’optométriste connait les démarches nécessaires pour les remboursements. Il existe des aides financières et des organismes qui soutiennent les personnes malvoyantes.
LES SOLUTIONS EN BASSE VISION
Il existe diverses solutions matérielles aux problèmes de basse vision. Elles varient selon les besoins et s’adaptent à l’importance des déficiences visuelles.
Souvent le matériel est prêté pour être essayé à la maison, en conditions habituelles. Il est souvent possible aussi que votre spécialiste intervienne à domicile pour installer le matériel et vous apprenne à l’utiliser.
Les lunettes basse vision
Souvent, il est possible d’améliorer la correction des lunettes existantes. Un optométriste commencera toujours par vous proposer la meilleure correction possible, car il faut que la vision soit la plus nette possible pour que le grossissement soit efficace.
Les verres progressifs ne sont pas recommandés, ils induisent trop de déformations, et la surface dédiée à la vision de près est limitée. Il est souvent beaucoup plus confortable de proposer une paire de lunettes réalisée sur mesure pour la vision de près, avec un grossissement qui pourra être beaucoup plus important.
Les loupes
Électroniques ou non, les loupes sont les solutions basse vision les plus répandues. Il existe une grande variété de modèles :
- Les loupes pliantes, de poche, très pratiques.
- Les loupes à manches, pour un usage de courte durée.
- Les loupes sur pied, pour faciliter la mise au point et la stabilité.
- Les loupes éclairantes, pour amplifier la perception de l’image.
- Les loupes électroniques portables à poser directement sur le texte. Ces loupes peuvent grossir présenter des grossissements très important. On peut varier le grossissement et les couleurs. Elles peuvent également permettre d’écrire.
Les systèmes Galilée ou Kepler
Il s’agit de systèmes télescopiques dont l’utilisation est statique. Ils se placent directement sur les lunettes ou se tiennent à la main. Ils sont utilisables de près ou de loin en réglant la mise au point ou en ajoutant une lentille complémentaire appelée bonnette.
Les télé agrandisseurs et les loupes électroniques
Le matériel basse vision a beaucoup évolué et l’une de ces évolutions se manifeste par la création des télé agrandisseurs.
Il s’agit d’une caméra qui filme le texte ou la scène que l’on veut regarder, et qui les projette sur écran. Selon les modèles, la caméra peut être fixe ou mobile. Certains modèles disposent aussi d’un plateau sur lequel on pose le document à lire, ce qui facilite le déplacement du regard dans le texte.
Par rapport aux aides optiques, le champ de vision est élargi, un zoom fait varier le grossissement, et permet au système d’être évolutif. La distance entre la caméra et le document permet d’écrire, de dessiner ou de réaliser des travaux qui nécessitent de la précision. Certains appareils se branchent directement sur l’ordinateur. Il existe également des logiciels d’agrandissement à installer directement sur ordinateur.
Les filtres
Les personnes souffrant de basse vision craignent beaucoup les fortes luminosités. Il existe différents filtres qui suppriment la lumière bleue, c’est-à-dire celle qui éblouit. Ces filtres permettent de mieux percevoir, de donner du contraste, ils apportent du confort. Les couleurs des filtres varient selon les pathologies et surtout selon les essais réalisés.
Malvoyance (Basse Vision)
La malvoyance signifie que la réduction de la fonction visuelle sur les deux yeux est permanente et non améliorable.
Ci-dessous, nous expliquerons brièvement quelques causes possibles de la déficience visuelle. Pour chaque maladie, nous illustrerons, dans la partie symptômes, son effet visuel par le paysage d’une rue selon la perception de la personne souffrant de cette pathologie. Cette illustration tente autant que possible de refléter la réalité ; mais cela reste cependant une simulation. Pour chaque beneficiaire, les symptômes peuvent se manifester différemment ; la perte visuelle peut se manifester plus ou moins.
Causes courantes de la malvoyance
Dégénérescence maculaire liée à l’âge
La dégénérescence maculaire est la principale cause de déficience visuelle. Elle survient habituellement chez les personnes âgées et est une conséquence du vieillissement normal. La macula est le centre de la rétine ; c’est le point à partir duquel on voit clairement les détails et on reconnaît les couleurs. Lorsqu’il y a une détérioration de la macula, on perd « l’acuité visuelle ».
La vision centrale (le champ visuel central) est touchée, la vision périphérique (dans le champ visuel périphérique) est conservée. La dégénérescence maculaire liée à l’âge affecte généralement les deux yeux bien que cela n’arrive pas simultanément. Il en existe 2 types : la DMLA sèche et la DMLA humide. Dans la DMLA sèche, il y a progressivement une dégénérescence (mort) des cellules de la rétine sensibles à la lumière. Dans la DMLA humide, il y a une néovascularisation (=formation de nouveaux vaisseaux sanguins) qui se produit et qui peut provoquer des saignements dans l’œil. On ne peut pas guérir la maladie mais un certain nombre de traitements peuvent être administrés pour stabiliser ou ralentir l’évolution de la maladie.
Rétinopathie diabétique
Le diabète peut endommager la rétine. Dans la rétinopathie diabétique, le fin réseau de vaisseaux sanguins dans la rétine va fuir ou se bloquer. Cela donne localement une perte de fonction avec une perte des capacités de discrimination visuelle fine. Le risque de déficience visuelle augmente quand il y a peu de contrôle du diabète.
Un bon suivi du diabète lui-même et une bonne surveillance ophtalmologique sont très importants pour évaluer autant que possible l’impact de la maladie sur l’œil
Glaucome
Dans le glaucome, le nerf optique peut être endommagé par la pression intra-oculaire élevée. De ce fait, les fibres nerveuses peuvent mourir. On voit plus flou et le beneficiaire remarque un rétrécissement du champ visuel périphérique.
Rétinite pigmentaire
La rétinite pigmentaire est une maladie héréditaire avec une perte progressive des cellules photosensibles de la rétine. D’abord, il y a une vision dans un champ visuel tubulaire ; plus tard, il y a aussi une perte de l’acuité visuelle centrale. Ces personnes éprouvent des difficultés dans la pénombre mais aussi dans des conditions très lumineuses.
Cataracte
Dans la cataracte, le cristallin (lentille intraoculaire) devient progressivement plus trouble. La cataracte se forme la plupart du temps chez les personnes âgées et est une conséquence du processus normal de vieillissement. Elle peut toutefois aussi être congénitale ou causée par un traumatisme oculaire, certaines drogues, l’emploi prolongé de certains médicaments, la radiothérapie ou le diabète.
Dans la plupart des cas, la cataracte peut être traitée : au cours d’une intervention, le cristallin est remplacé par un cristallin artificiel. Un cristallin artificiel typique ne peut pas accommoder, de telle sorte qu’une lunette de lecture reste nécessaire.
Symptômes - atteintes du champ visuel
Perte de la vision centrale
Dans la dégénérescence maculaire, la vision centrale est rongée, la périphérie reste toujours préservée. La reconnaissance des visages devient très difficile, la lecture et l’écriture demandent beaucoup plus d’efforts ou deviennent impossibles (des lettres dans les mots disparaissent soudainement, ou des parties de phrases sont coupées)…
source des images : Ligue Braille
Scotomes (taches) dans le champ visuel
En conséquence du diabète ou du glaucome, des parties du champ visuel peuvent être endommagées. Il semble que le beneficiaire voit des taches par endroit dans le champ visuel; certaines parties sont moins nettement perçues, ou ne sont tout simplement plus vues entièrement, de sorte que des parties du champ visuel sont perdues et ne sont plus perçues.
source de l'image : Ligue Braille
Vision en tunnel
A un stade avancé du glaucome ou de certaines formes de rétinite pigmentaire, il peut y avoir une “vision en tunnel”. Dans la vision dans un tunnel ou dans un tube, il y a un rétrécissement concentrique du champ visuel. Il persiste souvent de bonnes possibilités de lire de très petites lettres, mais le rétrécissement du champ visuel fait en sorte que la lecture d’un texte ou se déplacer devient difficile. La personne avec une vision en tunnel n’a pas de vue d’ensemble et doit balayer l’espace du texte à lire pour obtenir une image globale.
source des images : Ligue Braille
Perte du champ visuel
Dans l’hémianopsie, il y a une perte de la moitié gauche ou droite du champ visuel.
source de l'image : Ligue Braille
Basse vision - Rôle de l'orthoptiste
Durant la consultation basse vision, on vise à trouver une solution aux problèmes rencontrés par les patients malvoyants dans le domaine de la lecture, de la communication, des déplacements, etc… On détermine les possibilités et les limites du beneficiaire ; et comment pouvoir utiliser de la façon la plus optimale possible le résidu visuel. C’est ensemble, avec le beneficiaire, que l’on cherche les moyens d’aide ou les adaptations les plus appropriées en tenant compte de ses possibilités et de ses besoins spécifiques. Lors d’une consultation basse vision, il est important d’apporter avec soi les loupes de lecture utilisées jusque-là pour lire et les lunettes de lecture les plus récentes.
Les moyens d'aide
Comme lire avec une correction optique normale n’est souvent plus possible ; et qu’un entraînement de stratégies adaptées peut parfois ne pas être suffisant, il faut parfois passer à l’utilisation d’autres aides. Il existe un certain nombre d’aides pour que la personne malvoyante puisse mieux fonctionner dans les activités de la vie quotidienne, et en particulier pour la lecture. Lors d’une consultation dans un centre Basse Vision, on examine les possibilités et les difficultés que la personne rencontre en fonction de la demande d’aide qu’elle formule. On examine ensemble quel est le moyen d’aide le plus adéquat pour la personne en question. Un certain nombre d’aides est possible comme par exemple :
Une lampe de lecture avec ou sans loupe :Un bon éclairage d’appoint est de la plus grande importance pour lire, et est souvent négligé. Une bonne lampe de lecture qui fournit un bon contraste durant la lecture sans donner trop d’ombres ou de chaleur, qui est réglable et maniable, permet souvent une première amélioration de la vision des contrastes réduite. Cela est souvent recommandé en combinaison à une autre aide.
Loupes à main et à poser : Il existe des loupes de plusieurs modèles, dans de nombreux grossissements, avec et sans lumière… et elles peuvent souvent être une première aide pour pouvoir lire encore les plus petits caractères avec une vision réduite. Plus important est le grossissement dont la personne a besoin, moins on obtient une vue d’ensemble dans la lecture avec une loupe.
Lunettes-loupes : Ces lunettes spéciales offrent d’autres possibilités que des lunettes de lecture ordinaire et ont un effet grossissant.
La loupe à écran compacte : Cette loupe à main avec une caméra incorporée ne permet pas seulement le grossissement mais permet aussi d’adapter le contraste, la lecture en mode négatif, etc...
La Tv loupe : Pour les patients pour lesquels les moyens d’aide ordinaire ne suffisent plus, il y a la TV-loupe. Celle-ci peut souvent offrir un grossissement supérieur à 40 fois.
Les verres filtrants : Ces verres solaires filtrants spéciaux veillent à ce que certaines longueurs d’onde de la lumière visible soient filtrées. Cela offre plus de confort à la personne malvoyante car elle est moins éblouie et améliore souvent la vision des contrastes.
D’autres moyens d’aide pour malvoyants existent, comme par exemple : des logiciels grossissant ou vocaux pour l’ordinateur, des lunettes pour la télévision, des machines à lire, des petites aides pour faciliter les activités de la vie quotidienne (comme des réveils et des horloges parlants, des balances vocales),…
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Centre de Rééducation pour déficients visuels
En tant que beneficiaire qui présente une basse vision ou une cécité, vous pouvez recevoir une rééducation dans un centre conventionné et y apprendre un ensemble d’aptitudes de base, pour augmenter votre autonomie dans votre vie quotidienne.
L’assurance soins de santé (via la mutualité) peut intervenir financièrement dans ce programme.